Comment (bien) échouer

Échec : un mot qui fait peur

Comment (bien) échouer ?

Échec. Rien qu’en prononçant ce mot, le malaise se crée. Les yeux se détournent ou fixent le sol. Qu’est-ce donc, ce monstre que nous avons tendance à fuir ? Si nous avons besoin d’expliquer à un manager qu’il devrait donner le droit à l’erreur à ses collaborateurs, c’est bien que c’est loin d’être une évidence.

L’échec nous fait peur, quelle que soit notre position dans l’entreprise. Il nous fait peur dans notre vie personnelle également. « La faute à la France », diront certains, notre pays étant considéré comme le champion de l’échecophobie [1]. Loin de moi l’idée d’ignorer cette composante culturelle. Je vous propose toutefois, dans cet article, de porter un regard différent sur l’échec, que celui du « ratage » qui fait tâche sur votre CV.

Mais au fait, qu’est-ce que l’échec ?



Voici la définition que j’ai retenue : « l’échec est une situation qui résulte d’une action n’ayant pas abouti au résultat escompté » [2]. D’après cette définition, l’échec n’est rien d’autre que de ne pas répondre à ses propres attentes, ou à celles qui nous ont été formulées.

Ici, je choisis de me focaliser sur les attentes que nous avons envers nous-mêmes. Ceci, pour une raison simple : nous vivons à l’ère de la responsabilisation, de la liberté accrue dans notre travail. Cette responsabilisation implique que nous prenions des initiatives, et que nous rendions compte de nos actions d’abord à nous-mêmes. Une telle posture nous met face à nos propres attentes et exigences. Or, nous sommes potentiellement notre pire juge et notre évaluateur, de loin, le plus sévère. Aussi, la manière dont nous gérons nos échecs est centrale, je dirais même vitale.

Pour en revenir à la définition de l’échec, ce dernier n’est, somme toute, pas si impressionnant – il s’agit de manquer sa cible, ni plus ni moins. Laissez-moi donc vous poser une deuxième question :

Que cherchons-nous à esquiver en voulant éviter l’échec ?

Les conséquences, me direz-vous. Mais quelles sont-elles, réellement ? La perte d’argent, d’estime… ? In fine, ce que nous cherchons à esquiver, lorsque nous voulons éviter l’échec, c’est le sentiment désagréable qu’il provoque. La déception, la honte, cette amertume en bouche… complétez avec ce qui vous ressemble. Or, la manière dont nous nous sentons est le produit de nos pensées. C’est donc ce que nous nous disons, lorsque nous n’avons pas répondu à nos propres attentes, qui provoque ces émotions négatives que nous cherchons à éviter. J’espère que vous me suivez toujours ! ?

En fin de compte, nous cherchons à éviter l’échec pour éviter quelque chose sur lequel nous avons un contrôle total : notre réaction à l’échec, c’est-à-dire nos pensées.

En fin de compte, nous cherchons à éviter l’échec pour éviter quelque chose sur lequel nous avons un contrôle total : notre réaction à l’échec, c’est-à-dire nos pensées.

Aussi, voici ma proposition : lorsque nous ne répondons pas à nos attentes, donnons un autre sens à cela : décidons de donner un sens positif à l’échec au lieu d’un sens qui nous fait mal.

Si nous nous sentons mal face à l’échec, c’est généralement parce que nous lui donnons un sens en rapport avec notre personne – « si j’ai échoué, c’est que quelque chose cloche chez moi ». Or, omettre de répondre aux attentes veut dire que je peux encore le faire et ce différemment, puisque je connais maintenant, une manière de ne pas obtenir le résultat escompté. Une telle perspective conduit à la volonté d’apprendre, de croître et d’essayer de nouveau. Vous voyez la différence ? ?

Thomas J Watson[3] disait : « Si vous voulez augmenter votre taux de succès, augmentez votre taux d’échec ».

Plus nous devenons bons à échouer et plus nous aurons la volonté d’échouer. Plus nous apprendrons et par conséquent meilleurs nous serons à répondre à nos propres attentes. Car le succès consiste à pratiquer, à chercher à répondre à nos attentes et ainsi commettre de nombreuses erreurs pour apprendre de ce qui ne fonctionne pas.

Notre attitude envers nous-mêmes change tout

Quel regard portez-vous sur vos échecs ?

Êtes-vous en train de vous blâmer, ou vous traitez-vous avec respect ?

Êtes-vous prêt(e) à prendre votre revanche, ou à laisser tomber ?

Vous honorez-vous vous-même, ainsi que les objectifs que vous vous êtes fixés, ou vous dites-vous des choses désobligeantes sur vous-mêmes ? Je vous invite à utiliser l’échec comme un opportunité d’apprendre, de vous aimer vous-même, d’être bons avec vous-même. Je vous invite à vous promettre de ne jamais abandonner ce en quoi vous rêvez et qui vous conduirait en dehors de votre zone de confort.

Les bénéfices de l’échec

Oui, nous pouvons envisager l’échec comme une opportunité d’apprendre. Vous connaissez sûrement cette célèbre déclaration de Thomas Edison à propos de ses 1000 échecs à inventer l’éclairage électrique : « Je n’ai pas échoué. J’ai tout simplement trouvé 1000 manières qui ne fonctionnent pas. »

Une version plus récente et imagée serait la vidéo compilée par Elon Musk montrant les échecs d’atterrissage des fusées Falcon de sa société SpaceX [4].

Faire de l’échec une opportunité d’apprentissage implique de croire en notre capacité d’apprendre, cherchant à ajuster et à changer ce que nous avons déjà tenté jusqu’à ce que nous répondions à nos attentes.

Une autre image me vient à l’esprit lorsqu’il est question d’échec : celle d’un enfant qui apprend à marcher. C’est une expérience que je trouve fascinante. Un bébé qui apprend à marcher tombe tous les 2-3 pas. Cela ne l’empêche pas de se relever et de repartir de plus belle. Ces nombreuses chutes ne nous font pas douter de sa capacité à marcher un jour de manière fluide. Parce que nous savons que, si un bébé tombe lors de cet exercice, c’est parce qu’il manque de force pour tenir debout plus longtemps. Ce qui est extraordinaire, c’est que c’est en se relevant qu’il exerce ses muscles et acquiert la force dont il a besoin pour marcher.

J’ose dire que nous concernant, nous adultes, c’est la même chose. Les échecs sont des opportunités de devenir plus forts afin d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.

Cela implique d’envisager l’échec comme quelque chose à inclure dans notre vie plutôt que comme quelque chose à éviter.

Et la réalité économique alors ?!

Il y en a parmi vous qui s’impatientent peut-être de me poser cette question. « Oui, Kristina, dans l’absolu, c’est bien tout ça ; dans la vie personnelle j’adhère, mais au travail ?! » Et bien, les entreprises qui ont choisi de voir l’échec comme un levier de performance réussissent. Mieux même, elles excellent.

Prenons l’exemple d’Amazon.

Lorsque Jeff Bezos, son PDG, déclare : « Quelques grand succès compensent des douzaines et des douzaines de choses qui n’ont pas fonctionnées », il sait de quoi il parle. Les échecs qu’il a accumulés ont eu un coût. Un coût non négligeable, qui empêcherait de dormir la majorité d’entre nous. « Le montant de mes échecs s’élève à des milliards de dollars », dit-il simplement. Pourtant, les bénéfices dégagés grâce à cette volonté de faire des paris audacieux, ont permis de faire d’Amazon un géant que nul d’entre nous ne peut ignorer (et ce, quoi que nous pensions de sa politique commerciale ou de son éthique). Au-delà de l’aspect financier, ces échecs sont également publics, l’exposant lui-même, ainsi que ses salariés, au regard critique du monde entier. Quel échec cuisant que de consacrer 4 ans pour le développement d’un smartphone différent, avec des équipes dédiées, de le présenter officiellement, et de pas réussir à le vendre même à 99 cents la pièce ! Cet échec au « modeste coût » de 170 millions de dollars n’a pas empêché Amazon de faire de nouveaux paris, demandant d’autres expérimentations, d’autres échecs et surtout des réussites incontestables.

Essayer de nouvelles choses (qui risquent de ne pas fonctionner) est inhérent à notre développement personnel et professionnel. Dans mon précédent article, je vous parlais du nécessaire équilibre à trouver dans sa posture de leader, entre des compétences contradictoires et pourtant complémentaires. En tant que dirigeant, manager ou chef de projet, vous avez besoin de développer des compétences qui vont moins de soi pour vous, voire qui vous sont contre-intuitives. Développer de telles compétences vous conduit à sortir de votre zone de confort et à mettre en œuvre des comportements avec lesquels vous n’êtes pas à l’aise. Les erreurs, les échecs sont inévitables mais ô combien nécessaires. Si vous avez été accompagné par FdF et êtes donc en possession d’un joli classeur détaillant vos forces et vos axes d’amélioration, vous savez de quoi je parle. ?

Quel regard portez-vous sur ce qui y est proposé ?

Quelle est votre attitude envers vous-même lorsque vous envisagez le développement de ces compétences que vous souhaitez faire vôtres ?

Votre efficacité et celle de votre équipe en dépendent. Choisir de voir l’échec comme partie intégrante, voire comme levier d’amélioration dans ce processus a donc des répercussions (également) matérielles.

Il ne nous reste plus qu’à nous lancer

Voici ma proposition pour nous mettre en action. Je l’ai empruntée à Ramit Sethi, auteur du site « I will teach you to be rich ». Il explique que, s’il n’a pas fait au moins 5 échecs mémorables dans le mois, il considère qu’il n’a pas travaillé suffisamment dur.

Planifier 5 échecs dans le mois, ça vous dit ?

Créez un document sur votre ordinateur, dans lequel vous allez recenser 5 échecs mémorables chaque mois. Cela veut dire, essayer 5 nouvelles choses qui ont une forte probabilité d’échouer. Je souhaite toutefois apporter une précision – il ne s’agit pas là d’actions d’auto-sabotage, ce qui équivaudrait à ne pas se donner les moyens de réussir ce qui est dans notre zone de confort, ou encore abandonner. Il s’agit au contraire d’oser ce avec quoi vous n’êtes pas à l’aise, ce qui provoque chez vous inconfort et peur de rater. Pas besoin de défis à la Elon Musk, faites-le à votre échelle ! ?

Comment vous sentirez-vous la prochaine fois que vous échouerez, si vous vous dites : « Super ! 1/5 à cocher dans ma liste ! ». J’aime à penser que vous aurez le sourire ! Que vous aurez envie de recommencer.

Accumulez les échecs comme des badges d’honneur, comme des entraînements, comme des choses qui vous rendent plus forts.

Et venez partager vos expériences en commentaires ! Qu’avez-vous appris ? Quels freins avez-vous levés pour vous montrer au monde ?

.

.

.

.

.

.

.

.

.

Pas si vite, ne quittez pas encore la page !

Vous ne pensiez quand-même pas que je finirai cet article sans même vous parler de mes échecs planifiés ?

  • Cet article sera peut-être mon numéro 1 sur la liste du mois en cours. Sujet en décalage avec la ligne éditoriale de notre blog, peut-être un poil galvaudé aujourd’hui ? Qui plus est, je vous invite à réagir – et sur ce point, je ne suis pas à ma première tentative infructueuse ! Car oui, mon attente à travers cet article, c’est d’entrer en contact avec vous, d’entamer une discussion au-delà de la relation commerciale qui vous lie peut-être à FdF.
  • Un de mes échecs cuisants : envoyer une invitation à participer à une recherche à près de 1500 personnes et ne recevoir que 8 réponses. A ce niveau-là, je vous assure que vous vous rappelez le nombre exact de réponses reçues, mais surtout de l’erreur à ne pas répéter !

J’espère qu’après avoir lu ces quelques réflexions vous vous sentez prêt(e) à vous lancer !

Choisissez de voir l’échec positivement – prenez le contrôle sur vos pensées et décidez de ce que vous voulez vous dire plutôt que de laisser votre cerveau vous servir des pensées négatives en mode automatique.

  • Voyez l’échec comme une opportunité d’apprendre ;
  • Voyez-le comme une occasion de développer votre endurance, votre force intérieure ;
  • Dans tous les cas, adoptez une posture bienveillante envers vous-mêmes.

À vous maintenant ! Impatiente de vous lire et de répondre à chacun d’entre vous sur LinkedIn!


[1]     http://www.economiematin.fr/news-echecophobie-societe-francaise
[2]     https://fr.wikipedia.org/wiki/échec
[3] Thomas J Watson était le PDG d’IBM jusqu’en 1956. Après sa mort, il a été surnommé « le meilleur commercial du monde ».
[4]     https://www.youtube.com/watch?time_continue=128&v=bvim4rsNHkQ


1 réflexion sur “Comment (bien) échouer”

  1. Merci pour ce bel article.
    Et oui le plus grand défi de notre vie a été d’apprendre à marcher avec plus de 1000 chutes em moyenne avant de réussir. Pourquoi y arrivons tous car aucun doutes dans notre esprit et tous les jours nous avons vu des personnes marchés et en plus des personnes proches nous encourager à le faire. VOICI une belle recette de la réussite !
    Thomas Edison a-t-il échoué 10 000 fois ? Et bien non, selon lui il a trouvé 10 000 solutions de ne pas réussir. Nous pouvons voir que l’important est bien notre angle de vu, c’est à dire notre perception comme vous le faites ressortir dans votre article.
    Un échec ne peut exister uniquement si vous abandonnez avant de réussir.
    Et ce qui nous semble être un échec à l’instant T, sera dans votre futur un élément indispensable à votre succès du moment. Alors était ce un échec ou bien une préparation à votre futur succès?
    Exemple : Steve JOB se fait virer de chez Apple puis avec le recul il a dit :
    « c’est le médicament dont le patient avait besoin »
    Et grâce à cet événement où il a vécu de l’inconfort, c’est grâce à cet événement qu’il a créé PIXAR puis est revenu chez APPLE avec le IPOD, IPHONE,etc…
    Je vous invite à lire le livre « Les vertus de l’échec  » de Charles Pépin .
    Très belle journée et merci pour cet excellent article Kristina Beauvivre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut